Amies pour la viiie //PAN// (with Seven)

Lorsque je me réveillai, je vis une pomme sur ma table de chevet. Et un petit papier s’appuyant dessus pour ne pas tomber, où il était écrit dessus « Eat ». Un coup de Lorina, sûrement. Je pris la pomme et la porta à ma bouche. Pas moyen de croquer dedans, à croire que Satan m’en empêchait. Je haussai les épaules, pris une vieille chemise et une jupe, où je ne me rendis pas compte que c’était une à Lorina. Tellement j’étais maigre qu’elle m’allait. Bah, elle me pardonnera que je lui pique ces fringues. C’était censé être une longue jupe, mais sur moi, qui était deux fois plus grande que Lorina, c’était déjà plus petit. Je jetai un coup d’œil à l’autre lit. Lorina dormait dedans. On partageait volontairement notre chambre, on était totalement inséparables. Elle avait du faire le coup de la pomme le soir. Je sortis ainsi, habillée n’importe comment, et alla à la cafet, pour je ne sais qu’elle raison, car je ne mangeai pas. Je me rendis compte que quelque chose dépassai de la poche de ma chemise. Je pris le petit bout de papier. Devinez ce qui était écrit. Exactement, « Eat ». Je laissai tomber le papier par terre et regarda autour de moi. Y’avais pas grand monde, dites donc. Je vis par une fenêtre que le soleil n’étant en fait pas encore levé. Je me suis couchée tôt hier, alors ça se comprends que je me réveille … tôt. Je retournai alors dans ma chambre. Je pourrai tete aller sur le toit et attendre le lever du soleil pour le reproduire. Puis je me souvins qu’hier, j’avais déjà dessiné quelque chose. Quelque chose où il fallait que je vérifie si je ne m’étais pas trompée. Je me baissai et regardai sous mon lit. Je mis la main sur une feuille. Je me relevai et regardai. On voyait un dessin au crayon de papier. Représentant des arbres, une forêt. Mon regard se déposa ensuite sur la pomme. Je soupirai. Puis je me rendis compte –je me rends beaucoup compte je sais, je viens de me réveiller, quoi….- que Nikita –mon furet au nom d’une certaine personne dans un certain film- s’était allongé sur mon lit défait. Mais la chose qu’on remarquait encore plus, c’était le bout de papier sous ses pattes. Je sens que je sais déjà ce qui est écrit dessus. Je pris délicatement le bout de papier, pour ne pas réveiller Nikita, qui ouvrit les yeux aussitôt et me grimpa sur le bras pour ensuite venir se poster sur mon épaule. Je lis le papier. Eat. Je lance un coup d’œil à Lorina. Elle n’a pas bougé d’un poil. Quoi ? On va me faire croire que c’est Nikita qui me fait ce coup ? Pff ! Je redonnai un coup d’œil à la pomme. Je m’en emparai d’un coup et croqua aussitôt, comme ça, je n’hésiterai pas. Je me force à mâcher. C’est dingue comment quelque chose m’empêche de manger alors que j’ai faim et que je me fous de ma ligne. Ou alors c’est inconscient, peut-être ? Avec un gros effort, j’avale. Je soupire, comme si je venais de me péter la pense. Pour ne pas hésiter, je mange la pomme à toute allure. Je saute de joie face à ma compétence. J’ai mangé une pommeuuh, j’ai mangé une pommeuuuh ! AHAHA ! C’est pas ça qui va me refaire prendre du poids mais m’en fout euuh !

Puis je repense à la forêt. Je prends un sac à dos qui est au pied du lit de Lorina, enfile dedans une bouteille d’eau, mon dessin avec précaution, des mouchoirs, puis m’habille en vitesse – un hanbok, heuu, je trouve que ça me va bien, quand j’ai les cheveux longs … ce que j’ai- et mes petites créations, sentant que je ne pars pas pour deux minutes, me suivent. J’avais plein de peluche pleurnichant et piaillant pour avoir le droit de me suivre. A l’instant même où je leur dit de se taire car il y a des gens qui dorment, ils m’obéissent. Je pris Myss, une peluche en laine rose et violette, ayant l’air d’être un bonhomme à bâton et Gré, étant une peluche en forme de poney miniature. Myss était dans une poche de mon sac à dos, et Gré sur mon épaule, qui obligea Nikita à aller sur ma tête. Je mis mon sac et partit en direction de la forêt.

La forêt dégageait une agréable odeur. Pour me faire souvenir un passé digne d’être une horreur. Je suis forte pour les rimes. Je prends mon courage à demain et cherche l’endroit … que je cherche. Ca fait pas poétique, dit comme ça, mais bon. Puis je reconnu l’un des premiers arbres auxquels j’avais parlé lorsque j’avais gamine essayé de trouver la sortie de cette forêt ayant l’air de grandir à chaque pas. Je devais donc rebrousser un peu chemin et aller à droite.
Puis je trouvai enfin l’endroit de mes souvenirs, et que j’avais reproduis sur ma feuille. Seule chose contraire à mon souvenir, il y avait une fille. Rousse. Assise au pied d’un arbre. Et les cheveux totalement emmêlés. Je pince les lèvres. Ca gâche presque tout. Mais bon. Ca m’a l’air d’être parfaitement reproduit. Je reconnu ensuite Ilyana Steewart, le chef du Clan de la Nuit. Mais je m’en fichai. Ce qui m’occupa l’esprit, maintenant, c’était mes souvenirs. Je me rappelais, là, par terre, essayant comme je le pouvais de me déplacer, en vain, essayant la démarche du serpent. Riant de moi-même. Essayant désespérément d’aller vers une flaque d’eau qui était à peine à un mètre de moi, car ma gorge asséché me brûlait atrocement. Puis entendant un gémissement de Five. Five…

Les larmes faillirent me venir aux yeux, mais la voix de la rouquine me rappela que je n’étais pas seule, et je me repris aussitôt.

« Salut, tu te balades ? Moi aussi. Je voulais admirer le paysage de là-haut, mais la descente a été un peu compliquée. Et toi, qu'est-ce que tu fais là exactement ? »

Je vois bien que ça a été compliqué, vu l’état de ses cheveux. Je regardai l’arbre en question. Plutôt grand dites donc. C’est pas plutôt un géant déguisé en arbre ? Enfin. Je m’en rappelle, de celui-là. Il était en face de moi, je crois, lors de ce fameux jour. Ilyana avait l’air bien social. Au contraire de ce connard de Peter. Gnnnn. Faut pas penser à ça. Il m’a rien fait, je dois me le rappeler, je dois me rappeler. N’empêche, je le déteste. Sale Picent. Ils doivent tous être pourris de génération en génération. Je dois me reprendre. Ilyana, elle, au contraire, avait l’air beaucoup moins pourrie. Je pris Nikita de mon crâne, qui me tenait trop chaud et le garda dans ma main, où il en piqua tout de suite un somme. Oui, je sais, il a un nom de fille, mais c’est mâle. Bref. En tout cas, quel roupilleur.

« Je vérifie si je ne me suis pas trompée, et puis me ressasser quelques souvenirs »

Je posai Nikita au sol, qui bailla, se frotta à ma main et se mit à regarder Ilyana avec méfiance, qu’il évita pour partir d’une telle rapidité qu’on ne le voyait plus. Il reviendra, je sais, il va juste chercher de la nourriture. Je posai mon sac au sol, où l’on y voyait Myss gigoter, que je sortis de sa poche, la déposant aux côtés de Gré. Exceptionnellement, je me rendis compte que j'avais mis Gré et Myss sur mes épaules, alors que c'était toujours Nikita qui y allait, et rarement les autres. Et que la tête, c'est pour Tim'. Bahh. Je sortis de mon sac la feuille, et lui montra. D’un crayonné précis, il était dessiné le même endroit qui nous entourait. On aurait cru que le dessin était une sorte de miroir au reflet aux formes de dessins au crayon.

« Je l’ai fait de tête. Et je suis venue voir si je ne me suis pas trompée. »

Je regardai encore une fois autour de moi.

« Faut croire que non. C’est dingue. Quand j’étais pile à l’endroit où je suis, j’avais seulement 12ans, et j’étais défoncée à je ne sais quel produit ou drogue –ce qui dans un sens, revient au même. Et j’arrive à m’en souvenir de tête. »

Je me mis à rire comme une idiote.

« Alala, je devais vraiment avoir l’air con, ce jour-là, heureusement que les cinq autres c’étaient cassés et que même avant, quand ils étaient encore là… ils devaient ... Ah, pardon, je parle seule »

Je lui fis un grand sourire.

« J’ai mangé une pomme aujourd’hui. J’ai eu l’impression que ça faisait des siècles que je n’avais plus mangé. Ca devait être tout poussiéreux là-dedans. Encore un truc personnel, désolée. Il est grand, ton arbre, t’as du courage de monter tout en haut, t’aurais pu de casser la gueule. Heureuse de ne pas être tombée sur un cadavre »

||Finalement, je crois qu'il est long. Comme je suis sur un mini pc, je m'étais dit que ça ferais pas beaucoup de lignes .. >_<"||

« Raconte quand même, j'aime les histoires longues. En plus je te rappelle que je ne suis pas non plus normale. On est tous bizarre ici. Tu peux te confier à moi, je dirais rien, t'inquiètes pas. »

Je la regarde un instant. La petite curieuse, là... Je peux me confier à elle... je viens juste de la rencontrer vraiment, mais bon... Hein, Lorina et moi, ça nous ai arrivé en éclair, aussi. Nan, pas en éclair, en grosse claque. Bref. « On est tous bizarres ici ». Tu m'étonnes. Mais autant que moi, aucune idée. Je me re-pince les lèvre, manquant d'exploser d'un sanglot et d'un rire mélangés. Finalement, ce que je fais, c'est que je m'allonge au sol. Je regarde le ciel, voilé par quelques branches d'arbres. Je ferme les yeux un instant et les rouvre.

« Un jour, enfant, à sept ans, précisément, j'ai crû être enlevée. Je n'étais pas enlevée, mais … On a foutu le feu chez mon ancien moi et déclarée morte. La vérité était tout autre, car on m'avait prise dans mon sommeil avant que ce spectacle soit donné. Je me suis réveillée dans une pièce sombre. T'y crevais de froid, là-dedans, c'est dingue. J'avais vu autour de moi six autres enfants. Avec la pénombre, je ne pouvais que déterminer leur âge par la taille et leur genre avec le visage que je voyais à peine. Ensuite, les jours passèrent, et tout les jours, des gens venaient chercher quelques uns d'entre nous et nous emmenaient dans d'autres salles pour ... »

Je me stoppe. Je ne file même pas un regard vers Ilyana, je n'ose pas rencontrer son regard. Je me contente de regarder le ciel matinal. J'essaie de trouver mes mots. Ma gorge se serre pendant un instant, puis je prend une grande inspiration pour me calmer, que j'essayai de rendre le moins possible audible.

« Pour m'y faire … Des expériences. Je sais, tu dois me prendre une malade, tete même de dire que je te raconte ça pour pas que tu saches que je me droguais avec des potes douteux mais bon. C'est … ben c'est vrai. Enfin je pense, peut-être qu'en fait, je me suis imaginé tout ça, mais je ne pense pas vraiment. On m'injectait des produits et puis … On me faisait tout genre de tests. Toujours et tout le temps. Puis quand c'était fini, on me remettait dans cette chambre. Plus les jours passaient, plus on devenait de vrais légumes à cause des produits. On ne tenait plus par le bras et nous emmenait dans une des pièces, mais on nous y portait. »

Je m'arrête encore une fois. Je repense à la mort de Three. Lorsqu'elle à fait son overdose, elle était à côté de moi. Tellement mon cerveau était ramolli que je ne comprenais qu'à moitié ce qu'il lui arrivait. Je m'en foutait presque, tout en me préoccupant de ma « soeur ». Je me rappelle lorsque l'un des médecins s'étaient rendu compte qu'elle était morte, on nous avait tous portés et filés dans des caisses. Puis relâchés dans la nature, ici. Ici-même.

« Fin bref. A la mort d'un des nôtres, on nous à relâchés dans cette forêt. Encore sous les effets... des trucs qu'ils nous ont donné. Oui, sérieux, je pense que t'en crois pas un mot »

Je me relevais. Je cherchai la bouteille d'eau dans mon sac et bu plusieurs gorgées. J'avais la gorge tellement serrée que boire me faisait penser que ça me faisait du bien. J'avais tout lâché d'un coup, si facilement. C'était comme la fois j'avais tout dit à Nancy ou à Lorina. Je vidais à chaque fois mon sac après des moments et des moments où je restais muette.